Venant de Bâle, les Koechlin se sont établis à Mulhouse dès la fin du XVIème siècle comme tonneliers et potiers d’étain. Ils se sont rapidement intégrés à la bourgeoisie protestante de la cité, alors indépendante.
C’est en 1746 que Samuel Koechlin s’associe à Jean-Henri Dollfus pour fonder la première manufacture d’impression sur étoffes, les indiennes, qui marque le début d’une industrie qui fera la prospérité de la ville. Sa très nombreuse descendance, il aura 17 enfants, participera à son tour pendant tout le XIXème siècle au développement de l’industrie de la filature, du tissage, de la chimie pour les teintures et enfin des machines textiles et des locomotives avec André Koechlin. C’est son cousin Nicolas Koechlin, époux d’Ursule Dollfus, qui finança les premières lignes de chemin de fer d’Alsace, de Mulhouse à Thann puis de Mulhouse à Strasbourg. C’est lui également qui fera don à la SIM de la partie centrale de son bâtiment (n°10 rue de la Bourse), sous conditions d’achèvement des travaux par cette dernière. Son frère Daniel, éminent chimiste, a été l’un des fondateurs et dit-on refusé d’en être le premier président.
Ardente patriote mais aussi très versée dans la vie politique locale, la famille compte 6 maires de Mulhouse et plusieurs députés du Haut-Rhin. Au XXème siècle, on peut citer la généreuse mécène Gabrielle Koechlin qui fit don à la SIM de sa grande propriété du Rebberg, « Le Mont des Roses », et également René Koechlin qui conçut le projet du grand canal d’Alsace et ses barrages hydro-électriques tandis que son frère Maurice dessina le tout premier projet
d’un « Pylône de 300 mètres de hauteur » pour la ville de Paris et qui devint la Tour Eiffel.
J. David Koechlin
Gabrielle Koechlin, bienfaitrice de la SIM et de la Ville de Mulhouse
Née à Mulhouse, Gabrielle Koechlin est apparentée aux plus illustres dynasties industrielles de la ville. Son père Emile est un des dirigeants de la maison d’impression sur étoffes Koechlin Frères et son grand-père Eugène a épousé Emilie Dollfus, fille d’Emile Dollfus qui fut tour à tour maire, député et président de la SIM pendant 47 ans. Sa mère Marguerite est quant à elle la fille du docteur Eugène Klippel (1821-1904) qui a épousé Julie Koechlin. Comme le note André Brandt dans la notice nécrologique qu’il lui consacre en 1964, G. Koechlin a reçu en héritage « esprit civique et scientifiques des uns, pointes d’originalité des autres » mais surtout « une générosité foncière qui était l’apanage de la lignée maternelle ». Restée fille unique et seule survivante de ses grands-parents maternels et paternels, elle a vu son patrimoine immobilier « s’arrondir dans des conditions inconnues de familles plus nombreuses ».
En effet, rien qu’à Mulhouse, en plus du Mont-des-Roses, somptueuse propriété acquise par son père Emile peu après la mort de son premier propriétaire Jacques Hartmannn-Liebach (1794- 1876), elle a également hérité de ses grands-mères les propriétés de la Wanne et du Wolf auxquelles il faut ajouter celles de Badenweiler (Allemagne) et surtout de Vevey (Suisse) où elle se vit en 1939.
N’ayant pas le courage de reprendre à Mulhouse la gestion de ses propriétés après la guerre, elle cède la Wanne à la Société civile pour le développement de l’habitat qui fait édifier 200 logements en accession à la propriété – à la condition qu’une rue de la cité porte son nom. En 1950, elle fait également don du Mont-des-Roses à la SIM qui voit ainsi « ses possibilités d’actions démultipliées ».
Dès 1958, une partie de la propriété est mise à la disposition des OEuvres universitaires pour y installer un restaurant d’étudiants en attendant la construction du Resto U de l’Illberg (1967). Le domaine sera acquis ultérieurement
par François Spoerry qui démolit la villa pour y édifier des résidences (aujourd’hui au 81 boulevard Alfred Wallach).
Régis Boulat